Rassemblement de la traditionnelle sortie du causse de Puéchabon, trail des bergers

Rassemblement de la traditionnelle sortie du causse de Puéchabon, trail des bergers

 (Récit raconté par un berger).

Dimanche 7 octobre 2018, après une nuit orageuse à ne pas mettre un chat dehors, se tenait dans ce petit village au nord-ouest de Montpellier, le rassemblement international national départemental des bergers avec leur troupeau de moutons.

Malgré des tentes envolées au plus fort de l’orage nocturne, les moutons ont pu se présenter sur le vaste enclos réservé à l’occasion tout frais et tout pimpant. La température n’étant plus estivale comme les derniers jours, la petite laine (en mouton bien sûr) était de mise.

STOP ! On ne va pas recommencer avec les blagues « des bons coups de bâtons » « à la bonne étoile », « revenons à nos moutons » et j’en passe … N’empêche cette année, il y a avait toute courses confondues 5 Michel (S’il y en a encore qui ne comprennent pas, je ne peux rien pour eux).

Donc, cette année plus de 650 moutons étaient présents sur une des 3 sorties (5km – 10 km ou 18 km) plus un parcours de 2 kms pour les agneaux. Preuve du succès, les moutons non inscrits avant ce jour-là, se sont vus refuser la promenade.

Eh bien cette année, je suis devenu berger, un vrai de vrai. Celui qui ferme la sortie et qui les ramène à bon port.
En effet, sous les ordres de Maître Vernisse, dite Lolo (Organisatrice de la course et au profit de ” Au don de soi”. Vos organes peuvent sauver des vies.https://www.france-adot.org/), j’ai été intronisé berger.

Rigole pas avec les ordres maître Vernisse :
– Tu fermeras la sortie des 18 kms.
– Autant de moutons qui partent, autant de moutons qui arrivent (Loi ancestrale)
– Si un mouton se blesse ou épuisé, tu lui enlèves surtout son tatouage numérique et si tu es sympa, tu avertis les bergers des ravitos grâce à la haute technologie du Talkie-Walkie. Au pire, tu les jettes dans un des nombreux avens du causse en enlevant bien évidemment les organes avant. (Pas sûr que la dernière phrase a été prononcée, mais bon, on est pas à un mouton près !!!)
– Tu remettras dans le droit chemin le mouton qui ne suivrait pas les nombreuses rubalises du parcours. Pas trop dur, car qui ne connaît pas l’expression « suivre comme un mouton », hein !
– Tu encourageras le mouton en difficulté pour qu’il retrouve la bergerie tout content.

Bref, avec ses ordres bien en tête, je me cale derrière le troupeau pour le top départ.

Petite anecdote : une originalité très spectaculaire a eu lieu ce matin juste avant le départ. Une ola mouton. 650 moutons accroupis qui se relèvent au fur et à mesure : une vidéo sûrement à venir sur le facebook du trail du berger.

Pas de coup de pétard, car la peur du coup de fusil aurait pu créer un désordre irréversible sur les pauvres bêtes mais un décompte 5,4,3,2,1. Que c’est beau de voir partir, en sprint, toutes ces belles bêtes, se dégourdir leurs jambes. Une petite larme me monte car je ne les reverrai plus ;pour rappel, je dois garder uniquement la fin du troupeau.

Regardez bien . Vous trouverez le berger en train de surveiller le troupeau

Maître vernisse a quand même tout prévu, car nous étions 2 bergers pour suivre la ballade des 18kms ainsi que des bergers sur les 10 et 5 kms. Sans tout dévoiler, l’ambiance au départ fut joyeuse entre les bergers. Malgré nos bavardages, nous étions sérieux, disciplinés et à l’Affût de tout écart.
Quelques hectomètres plus loin, nous avons dû abandonner les bergers du 5kms mais la discussion avec les bergers restants continuait de plus belles. Et de quoi ils parlent les bergers ? De courses évidemment !!!

Arrive le 1er ravitaillement. Certes réservé pour les moutons, nous nous sommes servis et pas qu’un peu … De toute façon on pouvait car il n’y avait plus de moutons derrière nous, sic.
C’est à partir de ce « Check point », qu’on décida avec mon collègue fermeur du 18, de laisser la bergère du 10 kms. Toujours triste de laisser les jeunes bergères seules dans la garrigue.
Petit coup de speed, car il a fallu qu’on rattrape nos derniers spécimens du 18kilomètres. Heureusement qu’ils tiraient la langue en marchant sur la longue et dure côte qui monte au causse.
À partir de là, on ne les quittera pas d’un sabot.
Pourtant, certains ont voulu se faire la malle en se faufilant dans les fourrés pour soulager leur vessie.
Mais d’un œil de lynx, nous les avons remis dans les rangs .
Quoi ! Il paraît que … chut !

Les kilomètres aidant, les moutons se sont laissés apprivoiser. Comme quoi les hommes et les bêtes ne sont pas trop éloignés et le dialogue est passé 5 sur 5 entre nous.
2-3 moutons se relayaient au gré des arrêts des ravitos pour venir discuter avec nous. Des vraies pipelettes, j’en ai la bouche asséchée. Les kilomètres se succédaient à un rythme effréné ainsi que les arrêts ravito (jamais autant mangé lors d’une course. J’ai dû prendre 2 kilos).

Question paysage ;
– nous avons longé plusieurs lavognes. Nous avons dû empêcher les moutons de s’y laver et accepter qu’ils gardent la boue sur leur pelage.
– Des points de vue magnifique sur les montagnes environnantes avec le summum du belvédère de Saint Guilhem.
– San Francisco ; faut faire le parcours pour comprendre.
– Des monotraces en sous bois magnifiques.

La matinée était bien avancée et déjà nous entendions les bergers speakers du village avec l’heureuse surprise de rencontrer un public nombreux qui nous acclamèrent chaleureusement à notre arrivée.

Bref, une expérience très agréable car malgré les doutes du départ (Ça va être long et pénible), je me suis :
– goinfré
– aiguisé ma langue (pratiquement 3 h de discussion non stop)
– vus des paysages des plus agréables
– respirer le bon air
– rencontré des gens sympas. Un amical bonjour et félicitations sportives à Sabine et Catherine avec lesquelles nous avons passé une bonne partie de la matinée. Sans mentir, l’allure était tout à fait correcte et elles ont fait leur 19 km comme tous les autres. Bravo !

Et pour finir, énormes félicitations à l’organisation sans faille de Lolo et de toute son équipe sans oublier la cause de cette course solidaire : « au don de soi ».

Daniel

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