Diagonale des Fous 2019 à la Réunion du 17 au 20 octobre

Diagonale des Fous 2019 à la Réunion du 17 au 20 octobre

Plus de 10 ans que j’ai en tête d’y participer avec l’image d’une des courses les plus dures du monde et un nombre impressionnant d’abandon (plus d’un sur 4 suivant les éditions).

Pour moi pas question d’y aller sans terminer mais ce n’est pas une incantation, c’est un aboutissement. Chaque course que j’ai pu faire dans ces dix années a participé à mon expérience de gestion de course et sans doute renforcer mes muscles, tendons et autres organes de mon corps.

Comme j’ai senti que vous êtes nombreuses et nombreux à être attirés par cette course, en plus du récit, j’ai ajouté quelques détails sur l’organisation et l’entraînement.

Pour garantir ma participation, j’ai souscrit un package dès le 8 janvier 2019. Ce package comprend le vol aller retour, un minimum de 3 nuits à l’hôtel ou autre logement et le dossard. Les choix que j’ai fait conduise à un coût total de 1500€ (dont 170€ pour le dossard). Ce choix était le bon, si ce n’est que j’ai fait le choix d’une arrivée le mercredi matin, la veille du départ. Une arrivée 2 jours avant aurait été moins fatiguant.

Pour l’entraînement, je m’étais surtout positionné les 2 courses de 80 points dans le calendrier, une fin avril et l’autre début juin. Les 80 points représentent le nombre de kilomètres additionné du dénivelé en mètre divisé par 100. Finalement, l’organisation m’ayant compté mon 24h du mois d’octobre 2018, il ne me restait qu’un seul trail à faire. J’ai fait le choix de la seconde sélectionnée, la Saute Mouflon de 70 km, 4400 m D+ dans le Caroux, course d’Antoine Guillon, vainqueur de la Diagonale en 2015. Le profil de la course ressemble assez à certains chemin de la Diagonale.

Une fois ces échéances positionnées dans le calendrier, j’ai dessiné mon plan de progression à partir du mois de mars. Les principes sont simples : 5 sorties par semaine, une progression d’environ 50 km hebdomadaires à 110, un cumul de dénivelé de zéro à 4 ou 5000 m D+ et une semaine d’assimilation toutes les 4 semaines (50 km sans séance technique). Je pose tout ça sur le papier et pour les séances techniques, je m’appuie sur les séances du club, celles du lundi ou Frédéric nous propose du seuil et celles du mercredi avec Fabien.

A partir du mois de Juillet, je vais suivre et adapter le plan que Florence fait pour Gilles et Fabien pour les 100 km de Millau, en particulier les séances techniques. Comme Florence suit également ce plan, ça nous permettra de faire les séances ensemble.

J’arrive à peu près à suivre ce plan, avec quelques entorse pendant les vacances (pas beaucoup de dénivelé à Lille!).

C’est en août que ça se gâte. Alors que je me prépare pour faire un bloc dans l’Aveyron pendant le WE du 15 août, je me retrouve avec une tendinite au genou gauche. Sans doute un contre coup de la sortie à La Pene et sa descente bitume terrible. J’ai même du mal à marcher. Descendre les escaliers est une épreuve ! Le repos est forcé, avec glaçage du genou plusieurs fois par jour. Je trouve un tuto pour me masser le tendon.

Pas de panique, il faut que je revoie mon plan en introduisant du vélo qui me soulagera les articulations. Je recommence le vélo après 7 jours d’arrêt complet et je reprend doucement la course après 10 jours d’arrêt. Mon premier test trail au Pic Saint loup le 1er septembre me rassure même si je sens les articulations encore fragiles.

Comme mon entraînement en a pris un coup et même si le temps perdu ne se regagne pas, Florence me propose le stage de Antoine Guillon dans le Caroux du 19 au 22 septembre avec au programme sur 3 jours 84 km et 4000 m D+ avec les conseils d’un pro. Banco, je m’inscris.

J’ai quelques doutes sur mon niveau mais le rythme est adapté au groupe de 15 que nous sommes. C’est une super expérience qui me sera bien utile avec entre autre les techniques de descente de marche, la respiration forcée en montée pour bien oxygéner les muscles, la relance quand on marche pour se rappeler que l’on est dans la course malgré la fatigue…

Au bout de ces 7 mois d’entraînement, je m’en sors bien et peut-être encore plus qu’avant une grosse échéance le doute d’avoir suivi le bon plan. En tout cas, j’ai beaucoup appris et le vélo est vraiment un bon complément. Maintenant, le grand saut.

Je ne vous raconte pas la préparation ni le voyage, juste que j’ai prévu de courir 40 heures et de manger un peu toutes les 30 min. Je prend avec moi ce qu’il faut, ça représente au total 2,4 kg de barres diverses réparties en 3 sacs.

Isabelle, ma sœur, m’accompagne de Saint de Denis à Saint Pierre où se prend le départ. Elle habite à Saint Denis depuis plus de 20 ans.

Le départ est donné à 22h et le contrôle technique commence à 19h. Pour éviter les bouchons, nous partons à 15h30 de Saint Denis, ce qui nous fait arriver largement en avance, avec de quoi se garer assez proche du départ. J’en profite pour manger du riz mélanger à du riz Cantonnais que j’ai acheté le midi et un banane, mon dernier repas 4 heures avant le départ. Isabelle m’a trouvé des cartons qui me permettront de patienter allongé dans le sas d’attente organisé sur un parking en gravillon.

A 19h15 je m’avance vers la queue pour passer le contrôle, l’organisation fait rentrer des groupes de 15 personnes pour déposer nos sacs de rechanges sur les 2 bases de vie et à l’arrivée, puis chaque concurrent passe devant 2 personnes qui contrôlent le matériel essentiel. Pour ma part, le strap que j’ai pris ne convient pas, il faut de l’élastoplast et par miracle, ils ont prévue la petite boutique qui en vend. Heureusement j’ai emporté 30€ en liquide.

Il me reste 2h à attendre dans ce parc ou s’agglutine les coureurs devant une scène où se produit un groupe local (autant pour nous que pour le public nombreux) et le niveau sonore est important. Je cherche Pascal, un ami de la famille qui fait la Diagonale, il arrivera juste avant le départ et je n’aurais pas l’occasion de le revoir pendant la course.

30 minutes avant le départ, les stars sont annoncés, ils arrivent dans un couloir aménagé entre le parc des coureurs et le public. Je m’avance et j’ai l’occasion de voir Antoine que j’encourage.

30 minutes avant le départ
30 minutes avant le départ

Ensuite tout va très vite, nous avançons de 300 m pour s’approcher de l’arche du départ, la musique est à fond, le public est en liesse, c’est un moment fort où j’oublie complètement ce qui m’attend.

22h, le départ est enfin donné et après quelques minutes ce peloton de 2700 coureurs trottinent. Pendant 5 km, le public est dense et chaleureux, un feu d’artifice est tiré sur l’océan et je zigzague entre les participants pour me mettre à une allure de 10 km/h.

Bientôt, nous quittons le bitume pour passer entre des champs de canne à sucre avec une légère pente montante. J’arrive au premier ravitaillement en 1h50, moins de 15km et 650 m D+ parcouru. La salle est pleine à craquer, surchauffer. Je dois me couvrir avec mon maillot manche longue et ma veste coupe vent car ça continue de grimper jusqu’à 2000 m d’altitude et le froid est annoncé. La portion à venir est tout en monté et je ne vais faire que marcher. Au ravito, il y a tellement de monde que les tables sont vides, je trouve 3 bouts de bananes et du chocolat. C’est pas agréable, je poursuis après avoir posté un petit message audio sur WhatsApp.

WhatsApp, quel miracle. Pour garder mon téléphone avec de l’autonomie toute la course, je le passe en mode avion et en mode économie d’énergie. Il peut tenir 8 jours comme ça, peut être pas moi. A chaque fois que j’envoie un message, je repasse en mode normale et en ouvrant WhatsApp, le compteur de message sur le groupe s’incrémente, 40, 50, vous ne pouvez pas imaginer ce que ça m’a fait du bien sans pour cela que lise tous ces messages. Pour la montre, j’ai fait le choix d’enregistrer quelques tronçons, le départ, l’arrivée aux bases de vie et le final. Ce que j’ai surtout besoin, c’est l’heure et de temps en temps je surveille mes pulsations cardiaques. De cette manière, j’ai eu de l’autonomie sur ma montre sur toute la course.

On est encore nombreux et dense pour cette montée vers Notre Dame de la paix et parfois la file continue de coureurs est freinée par le passage d’un obstacle. Le paysage ressemble maintenant à l’Auvergne, on traverse des près, il y a des échelles pour passer au dessus des clôtures en barbelé et la pente est rude.

La progression est lente et difficile de doubler quand il y a 15 à 20 personnes devant vous sans savoir ce qui vous attend après.

Tout d’un coup, un coureur me double, il a décidé de ne pas faire le mouton, je le suis le rythme ne me convient pas et le chemin le permet. Après avoir dépassé 15 personnes, on se retrouve tous les 2 avec un autre groupe à l’horizon. On rattrape le groupe, on reste derrière pour récupérer et dès que l’on peut on passe devant sans gêner les autres coureurs. Il faut croire que ça en a gêné puisque il y en a 2 qui ont râlé en prétendant qu’eux aussi ils pouvaient aller plus vite. Ils ont du oublier que c’était une course! Tout au long de cette course j’ai eu cette impression non pas de respect mais de gène de doubler, ce qui produit les files de 10 – 15 coureurs.

A force de monter et de s’enfoncer dans la nuit (elle est belle cette expression), le froid pique de plus en plus et comme on m’avait prévenu, j’ai pris mon bonnet et mes gants. Tous les vêtements chauds que j’avais mis dans mon sac sont utilisés. Au ravitaillement du Nez de Bœuf, c’est en plein vent à 2000m et le petit plateau ou est installé le ravitaillement est gelé blanc, il ne faut pas traîner. Encore quelques kilomètres avant de descendre et de voir le soleil se lever pour retrouver de la chaleur. Heureusement car en me ravitaillant j’ai perdu un gant et je m’enroule un buff autour de la main car il fait vraiment froid, il est 04h45 du matin, direction Mare à Boue avec un peu de bitume et des chemin facile sur cette portion.

5h40, le soleil se lève au paradis
5h40, le soleil se lève au paradis

Bientôt le jour se lève, ça réchauffe le corps et le cœur. Je découvre le paysage de montagne et la végétation. Cette portion passe très vite, le sol est très agréable et je ne me rend pas compte des points intermédiaires notés sur le road book. Je me rends compte que j’ai pris un peu d’avance sur mon plan de marche et je décide de trouver un endroit confortable pour faire une sieste de 20 min. Plus loin, je me retrouve sur un chemin creusé dans la terre et j’aperçois une place de choix sur un tapis de mousse naturel de 15 à 20 cm, un peu à l’écart du chemin. Je programme le timer du téléphone sur 20 min, je positionne mon buff sur les yeux, le sac en oreiller, je m’endors.

Vendredi 07h50, petite sieste sur un tapis de mousse

Cette petite sieste m’a fait du bien, même si je me suis fais doublé, je suis toujours en pleine forme.

Vendredi 09h30, derrière moi le Piton des Neiges

J’attaque maintenant ce que j’entends être un mur, la descente de Cilaos. Je suis vraiment détendu car j’ai l’impression d’avoir 1 ou 2h d’avance. En réalité je confonds l’heure qu’il est, un peu plus de 10h du matin et le temps que j’ai prévu pour arriver à Cilaos 12h40, j’ai donc une bonne heure de retard. Cette descente est fabuleuse, en lacet avec parfois de grosse marche et tout le jeu est de trouver des appuis pour éviter les chocs en appliquant les préceptes appris pendant le stage et surtout en limitant la vitesse. Tout d’un coup je vois un coureur devant moi qui pert son appui et glisse dans la végétation en plein dans la pente et j’entends 2 personnes qui le récupère 5 ou 10 mètres plus bas. Je le retrouve après le virage, il se repose un peu avant de repartir. Je ne comprends pas comment il a fait, rien de spécial sur le chemin, peut être une hypoglycémie ou un coup de mou. En tout cas, il n’a rien mais il m’a fait peur cet idiot ! Plus loin sur le chemin, il y a parfois des échelles pour descendre de 2 ou 3 mêtres. Au total, cette descente de Kerveguen nous fait perdre 1100 m en 7 km que je parcours en 1h35, j’ai d’ailleurs pris la trace avec la montre.

J’arrive enfin au ravitaillement de Cilaos dans le stade, il est 11h30 (vendredi). Dans l’ordre, je trouve la tente des Kiné, la tente pour récupérer mon sac de rechange et plus loin les douches. Je ne respecte pas le plan que je m’étais fixé : douche, repas, kiné car le repas est en dehors du stade. Je récupère donc mon sac, je m’installe sur l’herbe du terrain de foot face au douche, en plein soleil, pour aller prendre une douche, et enlever le peu de boue accroché à ma peau. Le débit des douches est très réduit mais je trouve assez d’eau pour me laver et me rincer. C’est pas la grosse douche que j’avais imaginé, mais elle fait du bien. Je me dépêche de me changer, tout est neuf et je porte maintenant le Tee Shirt RUNINCRES. Je ne garde que les chaussures. J’en avais de rechange, mais celle que j’ai me convienne et elles sont au top. Je fait le plein de barre, je change les piles de la lampe, un peu de crème solaire, de la Nok sur les parties sensibles et le tube dans le sac. Je dépose mon sac de rechange et je me dirige vers la tente Kiné. 10 min d’attente et je suis pris en charge par une jeune polonaise à qui je demande de me faire un massage des mollets et des genoux en particulier. Je ne regarde même pas le temps passé tant le repos et le massage est bénéfique. Je me dirige ensuite vers la tente repas constitué de pâtes et de poulet avec une banane en dessert. Il n’y a pas trop de monde, je prend mon temps pour manger sans stress. Tout le monde est bien calme et sans doute fatigué, on vient de faire le tiers de notre course.

En repartant du stade, je sais que l’on s’attaque à un gros morceau, la montée du Taïbit, 1200 m de D+ en 10 km en plein cagnard.

J’ai un coup de mou sans savoir si c’est la chaleur ou la digestion, je décide de chercher un petit coin tranquille pour faire une seconde sieste, il doit être au alentour de 14h. Parfois, je vois des concurrents sur le bord du chemin en plein sommeil. Plus loin je trouve un endroit pour moi, je règle le timer sur 30 min, le buff sur les yeux, c’est partie.

Au réveil, c’est vendredi 14h15, je me sens régénérer, mais chaleur est encore forte. Je n’oublie pas de boire et manger régulièrement. En route pour le Taïbit. La montée est longue mais le temps passe vite, mes pensée errent et le paysage est apaisant. J’approche du cirque de Mafate dans lequel la issue possible passe par les jambes et les pieds. Il n’y a pas d’accès en voiture. Quelqu’un me dit que on arrivera en haut avant la tombée de la nuit ce qui permettra de voir le cirque en plein jour. Je me retourne et c’est Cilaos que l’on aperçoit tout en bas et tout au bout l’océan. J’adore.

En haut du Taïbit, Mafate est dans la brume, on distingue quelques hameaux. Place à la descente, mais attention à la Réunion à chaque fois que l’on vous annonce un dénivelé positif ou négatif, on commence toujours par l’inverse. On vous annonce une descente, 500 m plus loin c’est une montée qui vous attend. A force on s’habitue. J’avoue ne pas avoir beaucoup de souvenir de la nuit qui va s ‘écouler, la seconde de la course, si ce n’est les ravitaillement à la soupe de vermicelle, des traversées de village avec des élevage de chèvre et de poules, une forêt de Tamarin. Dans cette forêt en descente j’aperçois plein de reflet de couverture de survie, je double des centaines de personnes qui se sont arrêtés pour dormir un peu. Le sol est souple et dégagé, c’est idéal mais très fréquenté. Je cherche un endroit plus calme en espérant ne pas avoir trop froid. J’en trouve un qui me convient, pas trop de monde, je m’allonge tel quel mais rapidement je sors la couverture de survie car il y a un petit air frais. Je n’y suis pas bien, mais je double quand même mon temps de repos 2 x 20 min.

En repartant, j’ai du mal à dire que cela m’a fait du bien, mais je repars. Je dois être dans le gaz. De toute façon, il n’y a qu’à avancer.

Avant d’arriver sur Roche Plate, il fait encore nuit, un concurrent me dit que l’on va rejoindre les premières d’une autres courses le trail de Bourbon et il me montre dans la montagne en face la guirlande de lampe qui descend.

Il a fait moins froid cette nuit, mais j’ai quand même remis mon maillot manche longue seconde peau. Je l’apprécie bien.

Depuis plusieurs heures j’ai une gène sur mes cuisses à l’intérieur de mon short. J’ai l’impression que j’ai une sorte de puce qui s’amuse à me piquer tantôt à droite, tantôt à gauche. Pour la première fois de ma vie, je me suis rasé les poils des jambes 15 jours avant le départ. Je découvrirais à l’arrivé que mes cuisses sont remplie de point rouge, ce n’était pas des hallucinations. C’est en posant la question le dimanche lors de ma séance de Kiné que j’aurais la réponse, il s’agit d’irritation au niveau des pores de la peau. Ca passe rapidement. En attendant ça m’a régulièrement tapé sur le système.

Samedi 05h30, Roche Plate, dernier ravitaillement de Mafate, c’est le début de la montée du Maïdo. Je vais passer 02h30 dans cette montée. Je pense à Florence et Fernand qui devrait arriver en avion, je scrute le ciel pour les apercevoir.

Il y a de l’ambiance dans cette montée et du monde dans les 2 sens. Je croise un livreur, à vive allure, il porte ce que je crois être un volet roulant, une ou 2 familles, un « fakir » tamoul qui descend à pied nue, des trailers, beaucoup de trailers qui descendent sans doute pour aller chercher une connaissance. En haut, le public est nombreux et chaleureux. Samedi 08h du matin, je suis enfin sortie de Mafate et j’ai une montée d’émotion qui dure quelques minutes, j’y suis, c’est comme si j’étais arrivé, j’ai fait le plus dure, il reste plus de 50 km mais c’est une formalité.

La descente vers la dernière base de vie, Ilet Savannah, est agréable, je trottine et on m’interroge sur mon secret pour ne pas avoir mes genoux en vrac. C’est un secret à Runincres, c’est patte de velour !

A Ilet Savannah, je suis mon protocole, sauf pour la douche et je garde le même short, même s’il me gratte. Je récupère mon sac, je recharge en pile, barres. Je change de maillot, toujours celui de Runincres et je récupère celui de la Diagonale que je dois porter à l’arrivée. Ensuite je passe manger, c’est plus agréable que sur la première base de vie, mais je n’ai pas de souvenir de ce que j’ai mangé. Je passe à la tente Kiné avec nettoyage des pieds et mollets dans une bassine. Cette fois j’ai 2 Kinés à ma disposition, toujours très sympa et je leur demande la même chose, mollet qui tirent un peu et genou. J’ai une ampoule à chaque pied sur le côté intérieur du talon, je n’ai pas envie de perdre du temps avec un podologue et me retrouver avec un strap sur l’ampoule, je demande donc de quoi me soigner tout seul. Bon ben, j’ai un peu vexer le podologue en chef qui finalement vient me soigner et on en discute. Je passe enfin à la tente repos, il est 14h20, je demande à être réveillé à 15h. En m’allongeant sur le lit picot, je me dis qu’il y a du bruit et que je n’arriverai pas à dormir. Une seconde après la jeune femme me réveille, il est 15h, j’ai dormi comme une pierre et je me sens réparé.

J’appelle Florence avant de repartir, elle m’annonce qu’elle va essayer de venir à La Possession et elle me dit de me presser un peu. Ok.

Pour arriver à La Possession, il faut passer par le chemin Ratineau et le chemin Kaala. Je crois que c’est les pires des passages de cette course. Le tracé est en descente avec des enchaînements de rochers entremêlés de racines, des cordes pour aider à la descente, parfois une échelle. Je pense à ceux qui peuvent à peine marcher et je m’étonne d’avoir encore autant d’agilité pour enchaîner les obstacles. Et c’est interminable.

Retrouver Florence, Fernand et Isabelle me réjouit même si je m’interroge sur les conditions de circulation en voiture et les possibilités de se garer. Ils ont prévue d’arriver vers 18h, ce qui fait que je peux marcher alors que le chemin est maintenant roulant. J’ai également contacté Jean Michel qui habite la réunion et que nous avons croisé sur le MDS 2016 avec Florence. Son épouse travaille à Groupama et nous avons échangé des mails. Il sera aussi à La possession (il y habite) et me propose de m’accompagner sur le prochain tronçon. C’est Fernand qui m’accueille, il est venu à ma rencontre et prend des photos. Ensuite c’est Florence, elle avait pas prévue de courir, mais elle est en tenue et va aussi m’accompagner sur le prochain tronçon, ça fait plaisir.

Je passe au ravitaillement, je viens manger prêt de la barrière pour être avec mes supporters. C’est maintenant le chemin des anglais qui nous attend, un chemin pavé de grosse dalles volcaniques qui suit le dénivelé des ravines. Jean Michel me décrit la suite du parcours. Le temps passe vite car on discute.

A la grande Chaloupe, Jean Michel fait demi tour, je le remercie chaleureusement. Florence est un peu derrière, elle va me rejoindre au ravitaillement. Je retrouve Fernand et Isabelle. Je pointe mais le ravitaillement est plus loin et par téléphone on convient avec Florence de se revoir à la Redoute.

Il reste 10 – 14 km. Je n’ai pas vu passer le chemin des anglais et je m’attends toujours à trouver cette difficulté. Je me suis aussi fait une idée de l’arrivée avec un public énorme comme au départ, à donner des frissons.

Il y a plus de bitume sur cette portion jusqu’à la montée vers Colorado qui est interminable d’autant que l’on voit l’antenne surmontée d’une lumière rouge qui matérialise le sommet. C’est un chemin en glaise et si la météo était à la pluie cela aurait été un enfer ! Aujourd’hui, c’est juste long à monter. Dernier ravito, on m’annonce 1h de descente, c’est samedi 23h05, troisième nuit. Le début de la descente est raide mais agréable et très vite on tombe une descente technique avec des rochers moins dure que le chemin Kaala, mais quand même bien relevé. J’ai un coureur du Bourbon derrière moi et on a un bon rythme avec des concurrents du relais Zembrocal qui nous doublent. On aperçoit enfin les lumières du stade de La Redoute, encore quelques dizaines de minutes dans cette amas de roche et on se retrouve sur le plat sur un chemin aménagé où m’attend Fernand qui a du mal à me reconnaître, on est à 500m de l’arrivée. Florence est plus loin, elle va passer la ligne d’arrivée avec moi et haranguant le peu de public à cette heure de la nuit, 27h après l’arrivée du premier. J’ai survécu, je reçois le Tee_Shirt et la médaille. Une expérience extraordinaire. Merci de m’avoir encourager pendant ces 50h22. Je vous recommande cette course. Je pensais qu’après ça, je n’aurais plus envie, mais quelques heures après j’avais envie de recommencer ! Va comprendre Charles.

 

Ce que je retiens:

    • logistique : arrivée au moins 3 jours avant le départ pour se reposer.

    • Entraînement : associé trail et sortie vélo et beaucoup beaucoup de dénivelé.

    • Course : récupérer la lampe d’Alain et des piles Lithium

    • ravitaillement : ne pas hésiter à réclamer ce qu’il manque

    • arrêt sieste : éviter la nuit froide

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